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Les Parlements et la situation au Moyen-Orient
 | De gauche à droite M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale française, M. Avraham Burg, Président de la Knesset, M. Yves Tavernier, Président du Comité pour les questions relatives au Moyen-Orient de l'UIP, M. Ahmed Fathi Sorour, Président du Parlement égyptien et M. Ibrahim Abou Al-Naja, Vice-Président du Conseil législatif palestinien. Photo: Bounhar Abdeljalil/Associated Press. |
La situation au Moyen-Orient était au cœur de la 107ème Conférence interparlementaire à Marrakech. Outre la résolution adoptée par consensus sur proposition du Maroc d'inscrire à l'ordre du jour un point supplémentaire d'urgence portant sur " le rôle des parlements à l'appui de la mise en œuvre de la résolution 1397 du Conseil de sécurité de l'ONU relative à la vision d'une région dans laquelle Israël et la Palestine vivent côte à côte à l'intérieur de frontières reconnues et sûres ", le Comité pour les questions relatives au Moyen-Orient de l'UIP a également tenu séance à Marrakech. Présidé par le député français Yves Tavernier, le Comité a réuni une délégation israélienne conduite par le Président de la Knesset, Avraham Burg, et une délégation palestinienne dirigée par le Vice-Président du Conseil législatif palestinien (CLP), Ibrahim Abou Al-Naja, en présence du Président de l'Assemblée populaire d'Egypte, Ahmed Fathi Sorour, et de deux délégués jordaniens.
Le Président de l'Assemblée nationale française, Raymond Forni, a pour sa part invité les Présidents des Parlements européens présents à 107ème Conférence interparlementaire, pour un petit déjeuner autour des Présidents de la Knesset et du Vice-Présidents du Conseil législatif palestinien.
Suite aux évènements tragiques qui ont eu lieu après la 107ème Conférence interparlementaire de Marrakech, l'Union interparlementaire se dit prête à organiser une rencontre entre le Président de la Knesset, M. Avrahm Burg, et le Président du Conseil législatif palestinien (CLP), M. Ahmed Qoreï " Abou Ala ", sous les auspices du Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient de l'UIP.
Dans une lettre adressée aux deux Présidents, la Présidente du Conseil de l'UIP, Mme Najma Heptulla, et le Secrétaire général de l'UIP, M. Anders B. Johnsson, expriment leur conviction qu'un dialogue politique au plus haut niveau entre Israéliens et Palestiniens est aujourd'hui plus nécessaire que jamais. Ils réaffirment l'engagement pris par l'UIP de faciliter pareil dialogue. Le Comité sur les questions relatives au Moyen-Orient de l'UIP a agi dans ce sens ces dernières années. A cette fin, il a tenu une réunion à l'Assemblée nationale française à Paris en juin de l'année dernière et s'est ensuite rendu au Moyen-Orient. A cette occasion, le Comité a recommandé que, sous les auspices de l'UIP, les Présidents de la Knesset et du Conseil législatif palestinien se réunissent pour poursuivre le dialogue.
M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale française
"Les parlementaires peuvent faire changer la donne s'ils en ont la volonté
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Q: Quel était le but de la rencontre que vous avez organisée à Marrakech ?
Raymond Forni: Ce petit-déjeuner informel, avec quelques Présidents de Parlements de pays membres de l'Union européenne ainsi qu'avec une délégation du Conseil législatif palestinien et avec le Président de la Knesset, était destiné à formaliser l'engagement que j'avais pris à Paris au mois de janvier (voir site Internet UIP www.ipu.org/Le Monde des Parlements, mars 2002), d'accompagner le Président de la Knesset Avraham Burg, invité par le Président du CLP Ahmed Qoreï " Abou Ala ", à Ramallah au Conseil législatif palestinien, pour montrer l'importance que les Parlements européens attachent à cette démarche de paix. Depuis lors, les événements se sont précipités, il y a eu une aggravation de la situation au Moyen-Orient avec des risques très grands d'un affrontement généralisé qui déborderait les frontières de ces deux pays. Cette démarche de paix nous paraît plus que jamais nécessaire. Nous allons travailler avec les Présidents qui sont ici, le Président [de la Chambre des Députés de l'Italie] Casini, le Président du Luxembourg, le Président irlandais et le Président du Sénat belge, pour essayer de réaliser ce déplacement très rapidement. Nous avons eu le plaisir d'accueillir également le Président du Parlement égyptien, M. Sorour, et nous savons que le Président de la Chambre des Représentants marocaine, M. Radi, est également sur la même ligne politique. Le Président Sorour a assuré notre groupe du soutien de l'Egypte. Il nous a convié en Egypte pour faire un pas supplémentaire en direction du rapprochement entre les deux peuples, palestinien et israélien. Les choses sont difficiles mais aucune initiative qui va dans ce sens ne doit être négligée. Nos parlements nationaux se sont finalement exprimés, dans le cadre d'une diplomatie parlementaire, au delà des différences politiques qui peuvent être les nôtres en Europe, pour souligner la volonté des peuples européens de trouver une solution au conflit du Moyen-Orient. Chacun considère qu'il n'est pas possible de rester dans cette escalade permanente, dans ce bain de sang qui tous les jours endeuille la Palestine et Israël. Il faut à l'évidence une autre solution que celle d'un affrontement militaire et nous sommes heureux de constater qu'en Palestine comme en Israël il y a des hommes de paix qui sont animés par la même volonté et qui ont le même objectif de vivre dans deux Etats séparés, en paix, parce que cela correspond à leur intérêt et à l'intérêt de la communauté internationale.
Q: Les parlementaires peuvent-ils changer la donne au Moyen-Orient ?
R.F.: Les parlementaires sont des hommes politiques et les hommes politiques peuvent toujours faire changer la donne à condition qu'ils en aient la volonté.
Q: Concrètement, quel va être le suivi de votre initiative ? Irez-vous à Ramallah ?
R.F.: Je l'espère ! Les choses ne sont pas faciles à monter, lorsqu'il s'agit de coordonner l'agenda de quinze Présidents de parlements nationaux européens. Mais nous en avons la volonté. Il faut aussi que du côté israélien et palestinien, il y ait cette volonté. Car trois volontés doivent être conjuguées : les volontés israélienne, palestinienne et européenne.
Q: Avez-vous eu l'impression à Marrakech qu'une entente a été amorcée entre les Israéliens et les Palestiniens ?
R.F.: Il y a eu un dialogue. C'est ce qui est important. Tant que l'on discute, ce n'est jamais irrémédiable. Nous ne sommes pas dans une situation où tout est bloqué, où tout s'arrête au niveau de l'échange. Le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, à travers nous, est déjà quelque chose de positif à mes yeux. Abou Ala et Burg ont cette même volonté, parce qu'ils se rendent compte que, pour dire les choses très simplement, la démarche du Premier Ministre israélien Ariel Sharon est sans perspectives, ni pour Israël ni pour la Palestine. Ce n'est pas en alignant les morts les uns à côté des autres que l'on règlera le problème, ou alors il faut éradiquer tout un peuple, et cela est évidemment impossible. Le dialogue est la seule solution.
M. Avraham Burg, Président de la Knesset
"Si les parlementaires n'essayent pas de changer la situation, ils ne remplissent pas leur mission"
Q: M. le Président, vous voulez aller à Ramallah. Pourquoi ?
Avraham Burg: La motivation est présente depuis longtemps. Je pense que l'aide des Parlements européens et du Président Forni est cruciale, parce que nous tentons maintenant de cristalliser les résolutions qui sont préparées par le groupe qui nous accompagnera, et qui sera composé par les Présidents des Parlements européens. J'espère que les quinze ou au moins la plupart d'entre eux viendront. Il est donc très important d'avoir, lors de cette conférence au Maroc, le début de la fin du processus.
Q: L'Union interparlementaire sera-t-elle associée à ce processus ?
A.B.: Je l'espère !
Q: Les parlementaires peuvent-ils changer la situation ?
A.B.: Je ne sais pas. La situation est celle qu'elle est, mais je crois que si les parlementaires n'essayent pas de changer la situation, ils ne remplissent pas leur mission. C'est pourquoi, si nous pouvons aider, nous devons le faire.
M. Ibrahim Abu Al-Najah,
Vice-Président du Conseil législatif palestinien
"Nous n'épargnerons aucun effort pour parvenir à la paix"
Q: Que pensez-vous de l'initiative du Président Forni ?
Ibrahim Abu Al-Najah: L'initiative du Président de l'Assemblée nationale française est très utile et très courageuse, parce qu'elle cherche à parvenir à la paix.
Q: Pensez-vous que le Président de la Knesset et les Présidents des Parlements européens pourrons se rendre à Ramallah et prendre la parole devant le Conseil législatif palestinien ?
I.A.A.N: Recevoir le Président Burg et les Présidents des Parlements européens ne nous pose pas de problème. Le problème se situe au niveau du gouvernement de M. Sharon, qui empêche M. Burg de prendre cette initiative.
Q: Pensez-vous que les parlementaires peuvent changer la situation et peuvent aider à restaurer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens ?
I.A.A.N: Ils peuvent d'une certaine manière avoir une influence sur les décisions de leurs gouvernements, mais, concrètement, c'est la branche exécutive qui prend la décision finale.
Q: Lors de cette réunion, avez-vous eu la possibilité de parler au Président Burg ?
I.A.A.N: Cette réunion n'avait pas pour but d'établir un dialogue bilatéral entre les Palestiniens et les Israéliens. Ils se rencontrent partout. Dans les rues du camps de réfugiés de Balata, au check-point de Kalandia et à Marrakech. L'idée n'est pas [seulement] de se rencontrer mais de savoir quel peut être le résultat de cette réunion. Qu'elle en est l'utilité pour arriver à la paix. Nous espérons que cela sera utile. Nous n'épargnerons aucun effort pour parvenir à la paix. Le moindre succès est un " plus " pour nous et pour eux. Si nous n'y parvenons pas, nous essayerons à nouveau.
M. Ahmed Fathi Sorour, Président de l'Assemblée du Peuple d'Egypte
"Je salue l'initiative visant à susciter un entretien entre Israéliens et Palestiniens"
Je salue l'initiative du Président Forni visant à susciter un entretien entre le Président de la Knesset et le Président du Conseil législatif palestinien. Acceptée par les deux parties et la réunion à Marrakech, elle avait pour but de définir la mise en œuvre de cette initiative. Nous avons adopté le principe d'une visite à la Knesset et à Ramallah et celui d'une déclaration sur le processus de paix qui sera faite par les deux parties.
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