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Le rôle de l'Union interparlemetaire dans la lutte contre le terrorisme
Les travaux de la 106ème Conférence interparlementaire à Ouagadougou venaient de commencer lorsque les évènements qui ont endeuillé les Etats-Unis ont rappelé aux quelque 600 parlementaires, venus de 116 pays, que le sort des hommes et des femmes de la planète était lié, pour le meilleur et pour le pire. Profondément émus par cette tragédie, les délégués ont immédiatement "condamné les attentats terroristes perpétrés contre les Etats-Unis d'Amérique" et ont invité "tous les Etats à développer et à renforcer leur coopération pour prévenir les actes terroristes dans le monde et en venir à bout", s'engageant "à tout faire pour que nos gouvernements contribuent à l'identification rapide des auteurs et à leur châtiment".
L'UIP a tenu à exprimer, par l'intermédiaire de la Présidente du Conseil, Mme Najma Heptulla, et du Président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso, M. Mélégué Traoré, qui présidait les travaux de la 106ème Conférence interparlementaire, "sa solidarité, ses condoléances et sa compassion à toutes les familles des victimes innocentes de ces actes terroristes".
Etant donné les circonstances, la réaction immédiate des délégués a été de resserrer les rangs, soucieux de respecter toutes les sensibilités. L'ordre du jour a été réaménagé en conséquence des événements, mais la conférence a néanmoins poursuivi ses travaux. Un comité de rédaction a été chargé de préparer un projet de résolution sur le point supplémentaire inscrit à l'ordre du jour de la Conférence concernant la Contribution des Parlements au règlement de la situation tragique persistante dans les territoires arabes occupés, à l'envoi d'observateurs internationaux et à la protection du peuple arabe palestinien, notamment des civils désarmés, présenté par la délégation du Koweït au nom du Groupe arabe. Le Comité de rédaction a pu ainsi présenter un projet de résolution, approuvé ensuite par consensus.
Forte de cette cohésion, unanimement saluée, l'UIP, s'est faite l'écho du sentiment de millions de citoyens, relayé quelques semaines plus tard par le Premier Ministre britannique, M. Tony Blair, appelant le monde à saisir cet "instant de chaos" pour devenir plus juste. Car s'il est impératif de trouver et de juger les coupables des attentats terroristes, le moment est également venu de se demander comment et pourquoi le monde en est arrivé à de tels extrêmes. Aura-t-il fallu cette tragédie et la mort de tant d'innocents pour que les dirigeants du monde acceptent de dialoguer sur un pied d'égalité et de comprendre que la vie de tous les êtres vaut le même prix à la bourse des valeurs humaines?
"Après le 11 septembre 2001 plus rien ne sera comme avant", ne cesse-t-on d'entendre de l'Afrique à l'Europe, l'Asie, l'Océanie, les Amériques et le Moyen-Orient. Seule certitude, le monde ne pourra venir à bout du terrorisme sans s'unir et prendre en considération tous les facteurs qui en sont la cause, injustices comprises, où qu'elles aient lieu. Fidèle à sa mission de promotion des idéaux de paix et de sécurité, l'UIP est appelée à jouer un rôle encore plus actif sur la scène politique internationale. Forum mondial unique de la diplomatie interparlementaire, toutes tendances politiques et toutes croyances religieuses confondues, la doyenne des organisations multilatérales doit continuer d'encourager le dialogue entre les civilisations, patrimoine, à parts égales, de l'humanité.
L.B.
L'UIP et l'ONU unies pour une même cause
Dès l'adoption de la résolution du point supplémentaire d'urgence condamnant "les attentats terroristes perpétrés contre les Etats-Unis d'Amérique" et invitant "tous les Etats à développer et à renforcer leur coopération pour prévenir les actes terroristes dans le monde et en venir à bout", la Présidente du Conseil de l'UIP, Mme Najma Heptulla, n'a pas manqué d'en informer le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan.
Le Secrétaire général de l'ONU a rappelé, comme il l'avait fait dans les colonnes du quotidien américain The New York Times, que "La communauté internationale ne se définit pas seulement par ses valeurs communes, mais également par ce contre quoi et ceux contre qui elle lutte. Les Nations Unies doivent avoir le courage de reconnaître que, tout comme elles ont des objectifs communs, elles ont aussi des ennemis communs. Pour parvenir à vaincre ces derniers, toutes les nations doivent unir leurs forces, dans un effort qui tienne compte de tous les aspects du système libéral et ouvert, qui a été perverti par les auteurs des atrocités perpétrées la semaine dernière.
Les Nations Unies sont particulièrement bien placées pour mener cette action. Elles sont le forum adéquat permettant de bâtir une coalition universelle, et elles peuvent légitimer une réponse au terrorisme à long terme. Les conventions de l'ONU fournissent déjà un cadre juridique aux nombreuses actions qui devront être entreprises pour venir à bout du terrorisme - dont l'extradition et la mise en accusation des auteurs, ainsi que la lutte contre le blanchiment d'argent. Ces conventions doivent impérativement entrer en vigueur.
Pour répondre au terrorisme, il est essentiel que la cohésion affichée après le 11 septembre ne se lézarde pas. Tout en reconnaissant qu'il existe des ennemis communs à toutes les sociétés, le monde doit également comprendre qu'ils ne sont et qu'ils ne seront jamais le fait d'une croyance ou d'une origine nationale. Aucun peuple, aucune région et aucune religion ne devrait être pris pour cible en réponse aux actes inqualifiables commis par certains individus. Comme l'a dit le Maire [de New York, Rudolph ] Giuliani, "c'est pour cela que nous nous battons aujourd'hui". Permettre que les divergences entre les nations et au sein de ces sociétés puissent être exacerbées à cause de ces actes reviendrait à faire le jeu des terroristes.
Le terrorisme menace toutes les sociétés. Comme le monde a entrepris des actions pour lutter contre ce fléau, nous devons également tous nous pencher sur les causes qui ont permis l'éclosion d'une telle haine et d'une telle perversion. Nous devons lutter, encore plus résolument, contre la violence, le fanatisme et la haine. L'action de l'ONU doit se poursuivre tout comme nous devons nous pencher sur les fléaux qu'engendrent les conflits, l'ignorance, la pauvreté et la maladie.
Pour autant, nous n'allons pas faire disparaître toutes les sources du mal ou empêcher tous les actes de violence. Il y aura toujours ceux qui continueront de haïr et de tuer même lorsque les injustices auront disparu. Mais si le monde peut démontrer qu'il continue, qu'il peut persévérer et si la communauté internationale peut bâtir une société plus juste, plus forte et plus solidaire, toutes religions et races confondues, alors le terrorisme pourra être vaincu.
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