QUATRIEME TABLE RONDE INTERPARLEMENTAIRE
TENUE PARALLELEMENT A LA CINQUIEME SESSION DE LA CONFERENCE DES PARTIES
A LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
(Genève, 4-5 Octobre 2001)
DECLARATION
Rôle des Parlementaires dans la définition des liens entre pauvreté
et développement durable, particulièrement la désertification, dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
I. Nous, Parlementaires réunis à Genève les 4 et 5 octobre 2001 pour la quatrième Table Ronde à l'invitation du Secrétariat de la Convention, avec le plein appui de l'Union interparlementaire et l'assistance du Gouvernement fédéral suisse, en marge de la cinquième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique
Profondément préoccupés par les tendances persistantes à la désertification dans le monde, particulièrement dans les écosystèmes fragiles des pays en développement,
Conscients des énormes pertes causées par ce phénomène de grande ampleur et de ses conséquences directes sur l'équilibre de la planète, particulièrement en ce qui concerne la production et l'approvisionnement alimentaires, le bouleversement des flux migratoires traditionnels et la sécurité humaine
Conscients de la menace globale qu'engendre la dégradation continue des terres dont nous tirons notre subsistance,
Attentifs aux liens de causalité directe existant entre la dégradation des terres et la pauvreté qui créent un cercle vicieux de surexploitation des terres par des groupes humains de plus en plus démunis,
Conscients des privations de plus en plus graves subies par les pauvres en termes d’opportunités et de services sociaux, économiques, environnementaux et culturels,
Rappelant la mise en garde lancée dans le Rapport sur le développement humain du PNUD quant au risque de produire un monde gargantuesque dans ses excès, grotesque dans ses inégalités humaines et économiques si le déséquilibre de la croissance économique persiste,
Conscients du fait que la croissance économique n'est pas bénéfique si elle implique des politiques menant à un développement sans emploi (créant du chômage), implacable (profitant exclusivement aux riches et excluant les pauvres), muet (supprimant l'expression démocratique), sans racines (détruisant les rapports avec la collectivité et la culture) et sans avenir (détruisant l'écosystème planétaire)
Déclarons que :
- Nous sommes profondément alarmés par la dégradation environnementale croissante, particulièrement la désertification, qui a maintenant atteint une telle ampleur qu'elle compromet la viabilité humaine.
- Nous sommes vivement préoccupés par les pertes continues de productivité du secteur primaire, qui constitue toujours le principal secteur de revenu pour la plupart des pays en développement.
- Nous sommes alarmés par les nombreuses données indiquant clairement que les processus de désertification compromettent gravement la croissance économique durable, limitent la sécurité alimentaire et renforcent la vulnérabilité à la famine, et s'accompagnent souvent de grands déplacements de populations et de conflits armés.
- Nous sommes conscients du fait que les tendances actuelles aussi bien en termes d'exploitation des ressources naturelles que de modes de consommation ont de loin dépassé les capacités régénératrices de la Terre.
- Nous sommes convaincus que l’éradication de la pauvreté, notamment la pauvreté induite par la dégradation de l’environnement et ses conséquences tragiques en termes de dislocation sociale, doit être une priorité absolue des politiques internationales intégrées de promotion du développement durable.
- Nous sommes convaincus qu'il faut déclarer les terres qui nous alimentent, particulièrement la couche arable, patrimoine commun de l'humanité nécessitant une protection impérative, urgente, concertée et mondiale.
- Nous croyons fermement que les politiques publiques doivent clairement cibler les causes premières de la pauvreté à travers la promotion de processus participatifs et démocratiques menant à un renforcement réel et efficace des capacités d’intervention des groupes sociaux, particulièrement des femmes, en première ligne dans la lutte pour le développement durable.
- Nous soulignons que la croissance n'est pas un objectif en soi et doit donc être accompagnée par des mécanismes sociaux régulateurs qui assurent une redistribution équitable des richesses, traitent la question de la propriété foncière et garantissent l'accès à l'éducation afin de renforcer les capacités d’action des pauvres et leur permettent de réaliser leur potentiel et réduire leur vulnérabilité aux pressions exogènes
- Nous n'ignorons pas que les politiques macro-économiques prédominantes ont un puissant impact sur les processus d'appauvrissement et nous appelons donc les pays développés, conformément à l'esprit et à la lettre de la Convention, à prendre des mesures appropriées visant à alléger le fardeau actuel des pays en développement, particulièrement à travers la promotion de réformes économiques visant à combiner la croissance avec le développement humain, l'équité et la justice sociale, par le biais notamment de :
- L'allègement de la dette externe
- La baisse des taux d'intérêt
- L’amélioration des conditions générales du commerce international
II. En affirmant notre engagement, en tant que parlementaires, à contribuer pleinement à la mise en œuvre de la Convention, nous nous félicitons de ce que la communauté internationale ait, très sagement, décidé d'aborder la question urgente du financement de la Convention sur la lutte contre la désertification, particulièrement en définissant les voies et les moyens permettant d’identifier des mécanismes financiers multilatéraux fiables et centralisés indispensables pour assurer aux pays en développement affectés par la désertification et parties à la Convention la prévisibilité financière nécessaire à leur planification économique et à la formulation de politiques. A cet égard :
- Nous souscrivons pleinement à la décision du dernier Conseil d'administration du Fond pour l’environnement mondial (FEM) réuni à Washington en mai 2001, qui a demandé au Directeur-Général "d'étudier les options envisageables pour renforcer l'action du FEM en matière d'assistance aux pays affectés, particulièrement en Afrique, dans la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, en tenant en compte de la troisième reconstitution financière du FEM"
- Nous sommes également en accord avec le Conseil d'administration du FEM sur le fait que la question de la dégradation des terres fait partie intégrante de l’effort de développement durable, l'allégement de la pauvreté et des synergies parmi les conventions globales sur l’environnement. Nous saluons par conséquent le Conseil d'administration du FEM qui a décidé que la dégradation des terres (désertification et déforestation) serait un domaine d'action du FEM, dans le but d’accroître l'appui du FEM à la mise en œuvre de la Convention.
- Nous appelons les Etats parties à la Convention à désigner le FEM comme mécanisme financier de la CCD, afin d’assurer à la Convention des moyens financiers prévisibles pour la réalisation de ses objectifs.
- En conséquence, nous demandons également au FEM, lors de sa prochaine assemblée à Beijing (Chine) en 2002 de considérer la désertification comme un domaine d'action à part entière du FEM au même titre que la biodiversité, les changements climatiques, la protection de la couche d'ozone et les eaux internationales.
- Nous sommes convaincus que l’ensemble des questions environnementales majeures sont intrinsèquement liées et exigent un effort international concerté et une synergie. L'accent devrait être mis sur la nécessité d’agir en synergie pour la mise en œuvre des différents instruments juridiques de développement durable, sur le terrain.
- Nous appuyons pleinement toutes les initiatives visant à créer une synergie du développement durable afin d'assurer l’utilisation optimale des ressources financières et humaines et l’emploi efficace de l'expertise et des avantages comparatifs disponibles, y compris les connaissances traditionnelles, dans les pays tant en développement que développés, ainsi que dans le secteur public et privé.
III. Enfin, nous demandons au Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, avec le concours de l'Union interparlementaire :
- de prendre toutes les mesures nécessaires pour porter la présente déclaration à l'attention des dirigeants mondiaux au prochain Sommet mondial du développement durable, qui aura lieu à Johannesburg (Afrique du Sud) en septembre 2002;
- d'organiser la prochaine table ronde de parlementaires en marge de la sixième session de la Conférence des Parties à la Convention ;
- de donner un prolongement concret aux décisions de la présente table ronde et développer des stratégies visant à faire connaître universellement les déclarations et les documents de travail issus des tables rondes parlementaires.
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