TROSIEME TABLE RONDE INTERPARLEMENTAIRE
TENUE PARALLELEMENT A LA QUATRIEME SESSION DE LA CONFERENCE DES PARTIES
A LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
(Bonn, 12-13 décembre 2000)
DECLARATION
Le soutien des parlementaires au renforcement de la mise en œuvre de la Convention sur la lutte contre la désertification, à l'identification de sources de financement intérieures, sans alourdissement de la pression fiscale, et à l'augmentation de l'aide financière et technique aux pays les plus touchés par la désertification
I. Nous, parlementaires réunis à Bonn (Allemagne) les 12 et 13 décembre 2000 à l'occasion de la troisième Table ronde, à l'invitation du Secrétariat de la Convention et du Parlement fédéral allemand et avec l'appui sans réserve de l'Union interparlementaire, dans le cadre de la quatrième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique,
Réitérons les déclarations que nous avons adoptées à Dakar (Sénégal) et à Recife (Brésil) sur notre rôle de parlementaires dans la mise en œuvre de la Convention sur la lutte contre la désertification. Vivement préoccupés par la lenteur des progrès de la lutte contre la désertification au niveau mondial,
Déclarons ce qui suit :
- Nous sommes conscients qu'environ 15 % de la population mondiale et 25% de la superficie totale de la planète sont directement touchés par la dégradation des sols et la désertification. Nous adhérons sans réserve au principe fondateur de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, selon lequel le développement durable n’est possible que : a) s’il est résolument axé sur l'être humain, protéger les intérêts des populations touchées et, à terme, éliminer la pauvreté; b) s’il fait pleinement intervenir les populations touchées et les collectivités locales dans le processus de décision, ainsi que dans la mise en œuvre des mesures destinées à protéger l'environnement, améliorer la gestion des terres et des ressources en eau, et remédier aux principales causes de la dégradation des terres et de la désertification;
- Nous sommes très préoccupés par le fait que les pertes de productivité liées au processus de désertification compromettent gravement la croissance durable de l'économie, menacent la sécurité alimentaire et aggravent la vulnérabilité à la famine, qui s'accompagne souvent de mouvements massifs de personnes déplacées. L'incapacité des terres peu productives à supporter la pression démographique, conjuguée à l'instabilité croissante des climats, et notamment aux sécheresses récurrentes, a probablement déjà contraint jusqu'à 25 millions de personnes dans le monde à abandonner leurs terres, et représente une source de conflits intercommunautaires dans de nombreuses parties du monde. Nous sommes non moins préoccupés par le fait que les femmes et les enfants, les personnes économiquement et socialement défavorisées, sont les plus durement touchées par les graves conséquences de la désertification.
- Nous sommes profondément inquiets de la gravité de la situation dans différentes régions du monde, en particulier en Afrique où les déserts et les zones arides représentent deux tiers de la surface totale des terres et où 73% des terres arides sont déjà fortement ou modérément dégradées; en Asie, où environ 71% des terres arides sont fortement dégradées; en Amérique latine et aux Caraïbes, où près des trois-quarts des terres arides, soit environ un quart de la région, sont modérément ou fortement dégradées; dans le bassin méditerranéen, où près des deux tiers des terres arides sont fortement dégradées, et dans les pays d'Europe centrale et orientale, où 40 à 80% des terres arides sont gravement dégradées;
II. Conscients des pertes économiques résultant de la baisse du rendement des terres et convaincus que prévenir la propagation de la désertification est moins onéreux qu’en pallier les conséquences environnementales, sociales et économiques, Nous, parlementaires, n’ignorons pas que de tels effets pénalisent surtout les pays en développement et que les programmes visant à y remédier se disputent de maigres ressources financières, alors que ces mêmes pays, afin d’honorer leurs engagements internationaux, doivent réunir des sommes considérables pour le remboursement et le service de leur dette. Nous :
- encourageons la communauté internationale à réfléchir sérieusement au sort tragique et à la marginalisation des pays pauvres très endettés (PPTE) et nous l'exhortons à mettre en œuvre les mesures de secours appropriées, en particulier dans le cas de pays gravement touchés par la sécheresse et la désertification;
- réaffirmons l'importance de permettre l'accès à des ressources financières appropriées, nouvelles et supplémentaires, aux pays en développement affectés, afin qu'ils puissent remplir les obligations contractées dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification;
- accueillons avec satisfaction la décision prise par le Conseil du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) lors de sa réunion tenue à Washington du 1er au 3 novembre 2000, priant le Directeur général du FEM de rechercher le meilleur moyen pour le Fonds d'aider davantage les pays touchés, surtout en Afrique, à appliquer la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification;
- encourageons la communauté internationale, et en particulier les instances gouvernementales des Parties, à prendre toutes les mesures nécessaires pour la création d'un instrument au sein du FEM dans le but précis de financer les coûts additionnels de mise en œuvre de la Convention;
- demandons un effort concerté aux instances du système des Nations Unies, aux banques régionales de développement, aux organisations non gouvernementales et au secteur privé pour le renforcement des systèmes de suivi de la désertification afin d’appuyer des politiques agricoles durables, une meilleure gestion des ressources en eau et des forêts, une meilleure utilisation des sols et des plans d'urbanisation;
- invitons les gouvernements des pays en développement à envisager la formulation de politiques nationales, sans alourdissement de la pression fiscale, afin d'entraver le processus de dégradation des terres et de désertification. Pareilles politiques se justifient par le fait qu'elles permettraient d'éviter des coûts supplémentaires résultant de la perte de la diversité biologique, des effets des changements climatiques, de l'empiétement des déserts sur les terres arables, de l'intensification des déplacements de populations et de réfugiés, et de l'amplification de conflits potentiels dans les pays pauvres et entre pays voisins;
- encourageons les organisations internationales et les pays développés à aider les pays en développement à mettre en œuvre leurs propres politiques de lutte contre la désertification. Ces politiques devraient entièrement intégrer les conséquences néfastes de la dégradation des terres et de la désertification sur l'économie, la société, l'agriculture et la gestion des terres; et
- appuyons pleinement toutes les initiatives d'organismes, de pays donateurs et de la société civile visant à mobiliser une aide financière nouvelle et supplémentaire en vue de mettre en œuvre la Convention sur la lutte contre la désertification afin qu'elle soit un outil concret qui permette la promotion d'un développement durable dans les pays dont les écosystèmes sont arides, semi-arides, secs et sub-humides.
III. Pleinement résolus, en tant que parlementaires, à contribuer pleinement à la mise en œuvre de la Convention, nous acceptons d'entreprendre des efforts ou de poursuivre les efforts engagés auprès des parlements nationaux des pays développés afin de renforcer l'aide technique et financière à la lutte contre la désertification dans les pays les plus pauvres et les plus affectés, tout en veillant plus particulièrement à les soutenir dans leurs efforts pour se prendre en charge. Nous nous engageons également :
a) A organiser une manifestation annuelle spéciale dite AJournée mondiale de lutte contre la désertification@, dans nos parlements le 17 juin pour faire connaître la Convention, et à appuyer diverses initiatives comme l’émission de timbres postaux commémoratifs;
b) A renforcer les initiatives nationales visant à appuyer la lutte contre la désertification;
c) A plaider pour un accroissement de l'appui technique et financier à la lutte contre la désertification à partir des budgets nationaux;
d) A soumettre, si besoin est, aux instances gouvernementales une proposition pour l'inclusion dans les programmes scolaires d’enseignements axés sur la protection de l'environnement et des ressources naturelles, en particulier les terres et les ressources en eau, afin que la lutte contre l'érosion et la désertification soient une priorité pour nos pays et nos organisations régionales et sous-régionales.
IV. Nous prenons acte des ratifications de la Convention et nous invitons instamment les pays qui ne l’ont pas encore ratifiée à le faire dès que possible comme mesure concrète pour un effort concerté pour la lutte contre la désertification.
a) De plus, nous appuyons la participation large et active de tous les parlements dans les pays, à la mise en œuvre de la Convention, y compris, si nécessaire, à l'introduction, au renforcement et à l'application de dispositions législatives en matière de lutte contre la désertification et la protection et la sauvegarde des écosystèmes des pays touchés;
b) Nous demandons aux parlements et à la communauté internationale de considérer la désertification non seulement comme un problème environnemental et/ou écologique, mais aussi comme un grave obstacle au développement qui aura, à long terme, de lourdes conséquences économiques, sociales, politiques et environnementales sur toute la planète.
V. Soulignant le rôle fondamental que jouent l'assistance technique et le renforcement du contrôle et des capacités en matière d’environnement dans la réalisation du développement durable, nous, parlementaires, demandons instamment aux organismes donateurs et aux pays d’envisager le renforcement de leur appui aux mesure suivantes, en s’appuyant sur les efforts consentis par les pays en développement eux-mêmes :
- la sensibilisation aux modes de production et aux habitudes de consommation et à leur impact sur la gestion des terres;
- la gestion des ressources en eau et des bassins versants;
- l'amélioration des compétences techniques de gestion des terres et de l'eau;
- l'utilisation durable de ressources naturelles en quantité restreinte, y compris des énergies renouvelables;
- la promotion de travaux de recherche axés sur les causes et les effets négatifs de la désertification;
- le transfert et l'adaptation de technologies écologiquement rationnelles pour une meilleure gestion des terres et des ressources naturelles, et l'emploi efficace de biotechnologies modernes et sûres pour assurer la propagation d'espèces résistant à la sécheresse;
- l'utilisation de technologies modernes d'information telles que les systèmes d'information géographiques, la gestion rationnelle et intégrée des bassins versants, la promotion et l'utilisation des savoirs techniques et pratiques traditionnels propres à chaque lieu.
- le reboisement et la sauvegarde des forêts pour lutter contre la désertification causée par la sécheresse ainsi que la déforestation résultant de l’accroissement démographique, du pâturage excessif, de l’abattage illégal et excessif, des feux de savane ou de forêt, etc.;
- le développement agricole, notamment par la mise en place de systèmes d’irrigation durables propres à assurer une alimentation en eau stable;
- le renforcement des capacités au moyen de stages de formation et de prestations d’experts visant à améliorer les capacités scientifiques et techniques;
- l’approfondissement du dialogue avec les collectivités locales et une participation plus active de ces collectivités pour que l’aide soit adaptée à la situation locale;
- une collaboration plus étroite avec les organisations non gouvernementales, les associations et la société civile qui mènent des activités sur le terrain et jouent un rôle important dans la lutte contre la désertification.
VI. Nous nous engageons à établir un mécanisme de suivi efficace dans le but de surveiller et de garantir la mise en œuvre des décisions que nous avons prises et nous
- soulignons l'importance de mettre en vigueur un mécanisme inter-sessions viable à travers un forum interparlementaire de haut niveau à composition non limitée, qui comprendrait un président, un rapporteur et cinq vice-présidents, dont au moins une personne représentant chacun des groupes régionaux suivants : Afrique, Asie et Pacifique, Amérique latine et Caraïbes, Europe, Europe de l’Est et Amérique du Nord.
- demandons, à cet effet, au secrétariat de la Convention, en consultation avec l'Union interparlementaire, de préparer une proposition concrète pour le fonctionnement du Forum de haut niveau et de la faire circuler auprès des membres des parlements participant aux tables rondes pour en obtenir une réponse avant le 31 mai 2001 afin de l’approuver avant la cinquième session de la Conférence des Parties.
- prions le secrétariat de la Convention d’afficher les informations relatives aux tables rondes parlementaires sur le site Web de la Convention.
- prions tous les Présidents de parlement de prendre des dispositions pour faire diffuser la présente déclaration en l’inscrivant à l’ordre du jour de leur chambre ou en la portant à l’attention de ses membres selon tout autre moyen approprié.
VII. Nous, parlementaires, adressons de nouveau un appel urgent :
- A toutes les parties concernées de la société civile, dont les institutions financières, les personnalités des secteurs financier, commercial, sportif et artistique et des médias, afin qu'elles appuient la mobilisation des ressources financières destinées à la lutte contre la désertification, en particulier dans les pays en développement les plus gravement touchés par la désertification, l'érosion et la sécheresse;
- Aux établissements universitaires, aux milieux scientifiques et aux centres de recherche pour qu'ils apportent leur appui aux différentes tâches liées à la mise en œuvre de la Convention dans les pays touchés, eu égard en particulier aux besoins des pays en développement;
- A l'Union interparlementaire, pour qu'elle diffuse le plus largement possible la présente déclaration et notamment pour qu'elle la porte à l'attention de tous les parlements nationaux pour qu’ils l’examinent et la mettent en œuvre.
VIII. Enfin, nous prions le secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, avec l’assistance de l’Union interparlementaire :
- d'apporter au Forum interparlementaire de haut niveau, l'appui technique dont il a besoin pour suivre l'action engagée par les gouvernements et les parlements, et de mobiliser les ressources supplémentaires requises pour assurer le soutien administratif à ce Forum;
- d'organiser une autre table ronde des parlementaires en marge de la cinquième session de la Conférence des Parties;
- de donner suite aux décisions de la présente Table ronde et d'élaborer des stratégies destinées à faire connaître à tous les déclarations et les rapports d'activité du Forum interparlementaire de haut niveau.
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