PROCESSUS DE MISE EN OEUVRE DE LA CONVENTION
DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (UNCCD)
Déclaration de la Table ronde de parlementaires
organisée par le Secrétariat de la Convention et
parrainée par l'Union interparlementaire (Dakar, 7 décembre 1998)
I. Nous, parlementaires, invités à nous réunir
à Dakar (Sénégal) ce 7 décembre 1998
par le Secrétariat de la Convention, l'Assemblée
nationale du Sénégal et l'Union interparlementaire,
dans le cadre de la deuxième session de la Conférence
des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte
contre la désertification dans les pays gravement touchés
par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier
en Afrique, déclarons :
1. Être profondément préoccupés
par l'impact de la désertification qui affecte 3,6 milliards
d'hectares, soit 70 % du potentiel productif des terres dans les
zones arides. La rapidité de sa progression fait perdre
près de 6 millions d'hectares par an. Nous sommes conscients
de la gravité de la situation dans différentes régions
du monde comme l'Afrique, continent dont les deux tiers de la
superficie sont constitués de déserts ou zones arides
et 73 % des terres arides sont déjà gravement
ou moyennement dégradées; l'Asie où près
de 1,4 milliards d'hectares sont touchés par la désertification,
soit 71 % des terres arides du continent qui sont moyennement
ou sévèrement dégradées; l'Amérique
latine, où près des trois-quarts des terres arides
sont moyennement ou sévèrement dégradées
et la Méditerranée, où près des deux
tiers des terres arides sont sévèrement dégradées;
aux pays de l'Europe de l'est et de l'Europe centrale, où
40 à 80 % des terres arides sont sévèrement
dégradées.
2. Intolérable que, à l'aube du XXIème
siècle, près d'un milliard d'hommes, de femmes et
d'enfants soient menacés en permanence par la désertification;
que des centaines de millions de personnes vivent dans des situations
chroniques de manque des minima vitaux comme l'eau; que des millions
de "réfugiés écologiques" soient
contraints d'abandonner leur terre natale pour aller chercher
un mieux-être ailleurs.
3. Partager amplement l'approche de la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification selon laquelle
le développement ne pourra être durable qu'à
condition :
i) d'être axé sur la personne humaine en privilégiant
les intérêts des populations concernées et
la lutte contre la pauvreté;
ii) d'associer pleinement ces populations à la prise des
décisions et des mesures de protection de l'environnement
et la lutte contre la désertification;
iii) d'y intégrer la dimension de la lutte contre la pauvreté.
4. Reconnaître l'interaction entre la désertification,
la dégradation des sols, la pauvreté, la famine,
les troubles sociaux et politiques, parfois les guerres, les migrations
et les déplacements de masse de populations qui aboutissent
souvent à de nouvelles et plus graves dégradations
du milieu naturel.
5. Prendre note des sérieuses limitations budgétaires
des Etats les plus pauvres et affectés qui doivent encore
consacrer des montants considérables de leurs maigres ressources
financières au paiement de la dette et de son service.
II. Affirmons notre volonté en tant que parlementaires
à apporter toute notre contribution à la mise en
uvre de la Convention dans les pays qui sont Parties à
la Convention.
6. Nous appuyons l'adoption ou le renforcement, selon qu'il
convient, d'une législation en matière de lutte
contre la désertification et la préservation de
l'écosystème dans tous les pays affectés;
7. Nous souscrivons à la promotion des politiques
et au renforcement des cadres institutionnels propres à
favoriser le développement de la coopération entre
les pays affectés par la désertification et leurs
partenaires du développement;
8. Nous appuyons le renforcement des politiques sociales
à travers les programmes d'éducation, de santé,
les campagnes d'information et de sensibilisation sur les incidences
négatives de la désertification, ainsi que l'intégration
des jeunes et des femmes dans les programmes à mettre en
place;
9. Nous souscrivons à l'intégration des principales
dispositions de la CCD dans les politiques nationales de développement
durable;
10. Nous souscrivons à l'initiative que l'an 2000
soit le point de départ de la décennie de la lutte
contre la désertification;
11. Nous soutenons pleinement les initiatives des agences,
des pays donateurs, de la société civile pour mobiliser
l'assistance financière afin de promouvoir le développement
durable dans les pays les plus pauvres à écosystèmes
fragiles, mettant en uvre le mécanisme global de
la Convention.
III. Nous nous engageons à promouvoir au sein de
nos parlements respectifs :
12. Le suivi de la mise en uvre de la Convention,
de faire le plein usage des différents mécanismes
qui sont disponibles dans nos parlements pour contrôler
l'action gouvernementale et, ainsi, faire en sorte que la Convention
soit pleinement mise en uvre;
13. L'élaboration de législations nationales
et leur harmonisation avec les dispositions de la Convention;
14. L'intégration de la lutte contre la désertification
dans les agendas de nos gouvernements afin de faire figurer la
lutte contre la désertification parmi les priorités
de nos pays et de nos organisations sous-régionales et
régionales;
15. La formulation des programmes d'action nationaux qui
intègrent la maîtrise de l'eau et la recherche appliquée
à l'agriculture dans les pays les plus pauvres affectés
par la désertification et autres, lorsqu'il est besoin,
ainsi que les financements, conformément aux dispositions
pertinentes de la Convention;
16. L'adoption de mesures pratiques intégrant dans
les programmes scolaires des modules sur la protection de l'environnement,
tout particulièrement la lutte contre la désertification.
IV. Nous sommes profondément convaincus de
la nécessité d'entreprendre une action de grande
envergure basée sur des axes prioritaires comme :
17. Promouvoir les formes de coopération sous-régionales
et régionales en favorisant les relations de travail entre
nos organisations intergouvernementales pertinentes;
18. Mettre en uvre au niveau local des programmes
d'action axés sur des programmes de reboisement et réhabilitation
des sols en y associant tous les acteurs sur le terrain, en particulier
les partenaires du système éducatif et les représentants
de la société civile, notamment les associations
de jeunes et de femmes;
19. Définir des programmes d'action pour promouvoir
les buts de la Convention, intégrant les institutions internationales,
y compris des organismes spécialisés des Nations
Unies, les institutions nationales, les élus, les organisations
non-gouvernementales, les populations locales et en particulier
les utilisateurs des ressources, aussi bien les femmes que les
hommes, de même que les donateurs;
20. Multiplier dans le cas des pays les plus pauvres et affectés
les échanges dette-nature pour la remise en état
des terres et le reboisement.
V. Nous, parlementaires, adressons un appel pressant
:
21. A tous les participants principaux de la société
civile, notamment aux institutions financières, aux
personnalités du monde des affaires, des arts et de la
culture, du sport et de la communication sociale pour qu'elles
appuient la mobilisation de ressources financières destinées
à soutenir les activités de lutte contre la désertification
entreprises dans les pays en développement les plus gravement
touchés par la désertification et les effets de
la sécheresse;
22. Aux institutions académiques, les milieux scientifiques,
centres de savoir et de recherche à soutenir par leurs
travaux la mise en uvre de la CCD dans les pays en développement
touchés;
23. A l'Union interparlementaire pour donner la plus large
publicité possible à cette Déclaration et
notamment à la mettre à la disposition de tous les
parlements nationaux;
24. Au Secrétariat de la Convention des Nations Unies
sur la lutte contre la désertification à poursuivre
ses activités pour faciliter la mise en uvre de la
Convention et à prendre toutes les dispositions nécessaires
pour faire connaître la présente Déclaration;
25. Au Secrétariats de la CCD et de l'Union interparlementaire
à assurer le suivi de la présente réunion
et aussi à préparer des rencontres semblables lors
de prochaines conférences des Parties.
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